La méditation et le jazz 4 : Trouver et/ou renforcer sa pulsation intérieure
- adejinfo
- 30 oct. 2018
- 3 min de lecture
La pulsation intérieure est un outil indispensable pour tous les musiciens. Souvent, hélas, on la travaille de façon superficielle car on ne prend pas suffisamment conscience de l’investissement complet du corps.
Je ne remets pas en question les exercices traditionnels (métronome sur le deux et le quatre, etc.), bien au contraire, mais l’utilisation des méthodes issues de la méditation permet de les approfondir.
Si vous avez effectué les exercices des articles précédents, vous avez peut-être atteint un état de conscience particulier. Je ferai désormais référence à cet état sous le nom de « transe méditative ». Sans dogmatisme aucun, il semble que cet état puisse porter plusieurs noms suivant la discipline dans laquelle on évolue. « Transe hypnotique » pour l’hypnose médicale, « présence éveillée » pour les méditant bouddhistes, « état modifiée de conscience » en sophrologie, etc.
EXERCICE 1 : conscience rythmique du corps
L’improvisateur novice a tendance à vouloir remplir de notes l’espace musical entier. La consigne habituelle de son professeur est la suivante : « Laisse respirer la musique, ménage des silences entre tes phrases. » Cette consigne peut induire une incompréhension du néophyte qui pensera qu’on lui impose des moments d’inaction, de passivité. Il essaye donc d’arrêter de jouer artificiellement et souvent, se retrouve hors du flot musical et se perd dans la grille harmonique. L’improvisateur doit toujours rester dans la musique. Elle est en lui, c’est simplement qu’il ne la concrétise pas à certains moments. Il doit donc apprendre à continuer à être présent physiquement et mentalement pendant ses silences, plutôt que de rester inactif. Plus qu’une exclusion, c’est une participation silencieuse.
L’exercice suivant permet de relier toutes les parties du corps au rythme et de l’installer dans une continuité et une fluidité de ressenti de la musique.
Une fois en état de transe méditative, écoutez un morceau consistant rythmiquement. Laissez d’abord le corps taper les temps sans contrôle conscient. Les pieds, les mains, la tête ou le bassin vont se mettre à bouger, encouragez-les un peu si vous sentez des blocages. Ne pas analyser le mouvement, ne pas chercher à contrôler si le rythme tapé par le corps est le bon ou non, laisser faire.
Une fois que ce mouvement est installé, écoutez la musique dans son ensemble sans vous fixer sur un instrument en particulier mais plutôt en essayant de percevoir le rythme harmonique immatériel qui relie tous les musiciens et auquel ils se réfèrent pour jouer. Une fois qu’il est perçu, marquer le premier temps, le 2 et le 4 ou la clave suivant les cas et l’objectif de l’exercice.
Essayez de garder cette sensation de perception plutôt que d’analyse de la musique.
EXERCICE 2 : approfondissement du travail au métronome
En état de transe méditative, se concentrer sur le métronome. Commencer avec un tempo lent, 30 par exemple, ce qui donnera 60 lorsque la pulsation est placée sur le deuxième et le quatrième temps. Sentir ce que la pulse fait dans le corps, particulièrement dans les anches, le ventre. Détendre son corps pour laisser le balancement naturel s’amplifier. Caler ensuite son jeu sur ce balancement : les notes jouées sur l’instrument devront se poser sur le balancement du corps. Ne pas chercher à jouer des phrases trop compliquées qui risqueraient de mettre en péril le balancement du corps. Commencer par des noires, des croches, etc. Elles vont venir s’inscrire naturellement dans les aller et retour du balancement corporel.
À un moment, la musique se met à « flotter dans les airs », confortablement. Le swing est là !

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