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La méditation et le jazz 8 : Herbie Hancock et la psalmodie

  • Photo du rédacteur: adejinfo
    adejinfo
  • 30 oct. 2018
  • 9 min de lecture

Herbie Hancock découvre la méditation en 1972, grâce à Buster Williams, le bassiste de son groupe Mwandishi. Celui-ci initie Herbie Hancock à la pratique de la méditation « Nam-myoho-renge-kyo » établi par le moine bouddhiste japonais Nichiren en 1253. Cette phrase peut se traduire par « Je mets ma vie en harmonie avec la vie de l’univers ». (traduction soka-bouddhisme.fr).

La méditation par la psalmodie permet, selon ses adeptes, de purifier l’esprit et de l’emmener à la paix et le repos. Ce type de psalmodie répétitive diffère de la psalmodie occidentale, qui est à l’origine une façon de chanter les psaumes sur une seule note.

Pour Herbie Hancock, la méditation bouddhique n’est pas en conflit avec les autres religions car il ne s’agit pas de croyance. Tout le monde peut pratiquer et garder ses propres convictions.

« I asked the band to play « Toys, » a song that I’d never called to play, which starts with a bass solo—acoustic bass, which is the softest instrument in the band by its very nature. Un-amplified bass.
So the bassist Buster Williams starts playing this introduction. And what came out of him was something I’d never heard before. And not only had I not heard it from him, I’d never heard it from anybody. It was just pure beauty and ideas and—it was magical. Magical. And people were freaking out, it was so incredible what he was playing.
I let him play for a long time, maybe 10, 15 minutes. He just came up with idea after idea, so full of inspiration. And then I could feel myself waking up just before we really came in with the melody for the song. And I could tell that the whole band woke up, and there was some energy that was generating from Buster. We played the set and it was like magic. When we finished, many people ran up to the front of the stage and reached up their hands to shake ours. Some of them were crying they were so moved by the music. The music was very spiritual, too.
I knew that Buster was the catalyst for all of this, so I took him into the musicians’ room, and I said, “Hey, Buster, I heard you were into some new philosophy or something and if it can make you play bass like that, I want to know what it is.”
And then all his eyes lit up and he said, “I’ve been chanting for a way to tell you about this.” And I said, “What? Chanting what? What is this?” And now I know that it was the only way he could have reached me. That would be the only way I would have listened to what he had to say. If he had just come up and told me about it beforehand, I would have probably put my hand on his shoulder and said, “Hey, man, that’s great. You know, whatever works for you keep doing it,” which is a way of putting up a shield. But it came through the music, which was the only way to kind of reach my heart at the time, because that’s what my focus was then.
So, that was when he first told me about Buddhism and about chanting Nam-myoho-renge-kyo, which is the primary thing we do. It’s the sound of the essence of everything. So, that was the beginning.
I was kind of startled when he talked about Nam-myoho-renge-kyo being the law of the universe. The idea of cause and effect, which is what Nam-myoho-renge-kyo is about, made sense to me. I’m a guy that’s always been attracted to science—and cause and effect is what science is about. But I said, “I can’t just believe that chanting the sound is going to do something, so I don’t see how it could work for me.”
He said, “Oh, you don’t have to believe it. It’s a law. So, if you just do it, it’ll–you’ll see the effect in your life. It doesn’t depend on you having to believe it first.”
That’s handy.
That was totally new to me. Because, to me, the idea of religion was always that you had to believe in it for it to work. But then I thought, Wait a minute. Gravity works whether you believe in it or not. And then, Should religion be weaker than natural science? And he said, “This religion is really based on cause and effect and actual proof.” So I said, “Well, I have nothing to lose. Sure, I’ll check it out.”
[…] This practice of Buddhism has given me several realizations. One of the most important ones is to realize finally that this thing that I’ve been kind of placing up on a pedestal, sort of as my object of worship—music and being a musician—I wasn’t looking at it the true way. I realized that being a musician is not what I am, it’s what I do. I’m also a father, I’m a son, I’m a neighbor, I’m a citizen, I’m an African-American. I’m a bunch of things. But, at the center of all of that is I’m a human being. Now I view music from the standpoint of being a human being rather than being a musician. So, that’s a much deeper overview. »
 [TRADUCTION]
(« J’ai demandé au groupe de jouer Toys, un morceau que nous n’avions jamais joué en concert et qui commence par un solo de basse acoustique, laquelle est l’instrument le plus doux dans le groupe par nature. De la basse acoustique sans amplification.
Alors Buster Willliams s’est mis à jouer l’introduction. Et ce qui est sorti de lui était quelque chose que je n’avais jamais entendu auparavant. Et non seulement je ne l’avais pas entendu de lui, mais je n’avais jamais entendu cela nulle part. C’était de la beauté pure et des idées… c’était magique. Magique. Et le public devenait fou, c’était incroyable.
Je l’ai laissé jouer longtemps, peut-être dix ou quinze minutes. Il enchaînait les idées musicales, plein d’inspiration. Et puis j’ai senti que je me réveillais juste avant de commencer à jouer la mélodie du morceau. Et je peux dire que le reste du groupe s’est réveillé et il y avait comme une énergie générée par Buster. Nous avons joué le set et c’était comme de la magie. Quand nous avons fini, beaucoup de gens sont venus devant la scène et nous ont tendu leurs mains pour serrer les nôtres. Il y en avait qui pleuraient tellement ils avaient été émus par la musique. Elle avait un caractère sacrée également. »
Je savais que Buster était le catalyseur de tout cela, donc je l’ai emmené dans les loges et je lui ai dit : « Buster, j’ai entendu dire que tu t’intéresses à une nouvelle philosophie ou quelque chose, et si cela peut te faire jouer de la basse comme ça, je veux savoir ce que c’est.
Son regard s’est éclairé et il m’a dit : « J’ai médité longuement pour trouver un moyen de te parler de cela. » Et j’ai dit : « Quoi ? De la méditation ? Qu’est-ce que c’est ? » Et maintenant je sais que c’est la seule façon par laquelle il pouvait m’atteindre. C’était la seule façon qu’il avait de faire en sorte que j’écoute ce qu’il avait à me dire. S’il était arrivé et m’en avait parlé comme cela avant, j’aurai probablement posé ma main sur son épaule en disant : « Hey, mec, c’est super. Tu sais, si ça marche pour toi, continue à le faire. » Ce qui est une façon de mettre en place un bouclier. Mais c’est venu par la musique, ce qui était la seule façon d’atteindre mon cœur tel qu’il fonctionnait à ce moment-là.
Donc, c’est ce jour-là qu’il m’a parlé pour la première fois du bouddhisme et de psalmodier Nam-myoho-renge-kyo, ce qui est la première chose que nous faisons. Cette psalmodie est le son de l’essence de toutes choses. Donc, c’était le commencement.
J’ai été surpris quand il m’a parlé de du fait que Nam-myoho-renge-kyo était la loi de l’univers. Nam-myoho-renge-kyo rejoint la notion de cause à effet, cela faisait sens pour moi. Je suis quelqu’un qui a toujours été attiré par les sciences, et la science s’intéresse aux causes et aux effets. Alors je lui ai dit : « Je ne peux pas croire que psalmodier ce son va faire quoi que ce soit, donc je ne vois pas comment cela peut marcher pour moi. »
Il a dit : « Oh, tu n’as pas à y croire. C’est une loi. Donc si tu le fais, tu verras les effets dans ta vie. Cela ne dépend pas du fait que tu doives y croire.
C’est pratique.
C’était totalement nouveau pour moi. Parce que, pour moi, l’idée de religion était toujours liée au fait qu’il fallait y croire pour que ça marche. Alors j’ai pensé, attend une minute. La gravité marche que l’on y croie ou non. Alors, les religions sont-elles plus faibles que la science ? Il m’a dit : « cette religion est fondée sur les causes, les effets, et des preuves réelles. » Alors je lui ai dit : « Bon, je n’ai rien à perdre. Je vais essayer.
[…] Cette pratique bouddhique m’a permis de réaliser plusieurs choses. L’un des plus importantes a été de comprendre que cette chose que j’avais d’une certaine manière placée sur un piédestal, mon objet de vénération en quelque sorte – la musique et être un musicien – n’orientait pas mon regard dans la bonne direction. J’ai réalisé qu’être musicien n’est pas ce que je suis, c’est ce que je fais. Je suis un père, un fils, un voisin, un citoyen, je suis un afro-américain. Je suis pas mal de choses. Mais, au centre de tout cela il y a le fait que je suis un être humain. Maintenant, je vois la musique du point de vue d’un être humain plus que de celui d’un musicien. Donc, c’est un point de vue beaucoup plus profond. ») – beliefnet.com

Herbie Hancock mentionne aussi la révélation intuitive (« insight » en anglais), une brusque illumination au cours de la méditation. Certaines pratiques de la méditation sont orientées vers ce phénomène, comme le Vipassanā, qui désigne dans la tradition bouddhique la « vue profonde ».

« I wanted to do something that was a little more earthy. And the funny thing was, I had been listening to people like Sly Stone and James Brown, but playing a music that was very far removed from that. So I actually had broken up that band, but I didn’t know what I wanted to do from that point on. And because I had been practicing Buddhism at that time for almost a year, I wanted some answers. So that was one of the things I was chanting for: to recognize a direction I wanted to go in.
[…] The chant itself is « Nam-myoho-renge-kyo, » what we believe is the sound that actually connects everything in the universe. So I was chanting that and, all of sudden, I’m starting to hear that song « Thank You (Falettinme Be Mice Elf Agin) » — Sly Stone. I had this picture in my head of me being in Sly Stone’s band, playing this funky music. All of sudden I started thinking of my band playing this funky music. So I made a change in my life at that point. And I decided that this is something I want to explore. »
[TRADUCTION]
(« Je voulais faire de la musique plus populaire. Ce qui était drôle, c’est que j’écoutais des musiciens comme Sly Stone et James Brown, mais je jouais une musique qui était très loin de ça. Donc j’ai vraiment arrêté mon groupe (Mwandishi, ndlr), mais je ne savais pas ce que je voulais faire ensuite. Comme j’avais pratiqué le Bouddhisme depuis presque un an, je voulais des réponses. C’était pour cette raison que je psalmodiais : trouver une direction musicale dans laquelle aller.
[…] La psalmodie en elle-même est « Nam-myoho-renge-kyo ». Nous pensons que ce son connecte vraiment tout dans l’univers. Donc je psalmodiais et soudain, j’ai commencé à entendre la chanson Thank You (Falettinme Be Mice Elf Agin) de Sly Stone. J’avais cette image dans ma tête où je jouais du funk dans le groupe de Sly Stone. Tout d’un coup, j’ai pensé à mon groupe jouant cette musique funky. Alors j’ai fait un changement dans ma vie à ce moment-là. J’ai décidé que c’était cela que je voulais explorer. ») – npr.org

Herbie Hancock fait aussi un parallèle entre la philosophie bouddhique qui prône le non-jugement, et le jazz. Un des pires pièges de l’ego se trouve dans le jugement. Pendant que l’on juge, on ne joue pas.

« Yeah. I mean, the cool thing is that jazz is really a wonderful example of the great characteristics of Buddhism and great characteristics of the human spirit. Because in jazz we share, we listen to each other, we respect each other, we are creating in the moment.
At our best we’re non-judgmental. If we let judgment get in the way of improvising, it always screws us up. So we take whatever happens and try to make it work. We try to make it fit. We try to enhance it.
[…] Oh, yeah! Oh, by the way, I chant every day. Primarily in the morning and the evening. Even before going on stage I say Nam-myoho-renge-kyo three times—the idea is to get in sync with the moment. But anyway – Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo. Nam-myoho-renge-kyo. That’s how we chant. »
[TRADUCTION]
(« Oui, je veux dire, ce qui est cool avec le jazz c’est que c’est un merveilleux exemple des caractéristiques du bouddhisme et de l’esprit humain. Parce que dans le jazz nous partageons, nous nous écoutons, nous nous respectons, nous créons dans l’instant.
Au mieux, nous sommes en dehors du jugement. Si nous laissons le jugement s’introduire dans le processus d’improvisation, il va tout détruire. Donc nous prenons tout ce qui vient et nous essayons de faire fonctionner tout cela ensemble. Nous essayons de le rendre plus beau.
[…] Ah, oui ! Au fait, je psalmodie tous les jours. Le matin et le soir en priorité. Même avant de rentrer sur scène je dis Nam-myoho-renge-kyo trois fois – l’idée est de se mettre en synchronisation avec l’instant présent. Enfin bref, Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo. Nam-myoho-renge-kyo. C’est ainsi que nous psalmodions. ») – beliefnet.com

EXERCICE : De la psalmodie à la musique, méditation OM

Herbie Hancock psalmodie « Nam-myoho-renge-kyo ». Il existe d’autres psalmodies, comme le bien connu « OM » que John Coltrane a exploré dans son disque du même nom.
Psalmodier OM en faisant vibrer ses cordes vocales dans les graves nous permet de nous connecter avec les résonances du corps.
Choisissez un morceau dont la grille est bien connue de tous, un blues par exemple.
  • Entrez en transe méditative.

  • Psalmodiez OM aussi longtemps que cela vous semble nécessaire.

  • Lorsque le moment est venu, jouez la première basse du morceau à exécuter.

  • Psalmodiez sur cette note le son OM.

  • Psalmodiez ainsi toutes les basses de la grille.

  • Rentrez progressivement dans l’interprétation musicale en gardant la connexion avec les résonances du corps.

Variante de l’exercice précédent sur une chanson : remplacez la psalmodie OM par la première phrase du texte de la chanson. Psalmodiez-la le temps nécessaire puis enchainez sur la chanson complète.

 
 
 

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